Le ministre des Droits humains, Samuel Mbemba Kabuya, a tiré la sonnette d’alarme ce vendredi 19 septembre 2025, lors d’une conférence de presse tenue à Kinshasa.
« J’alerte le monde sur le fait que les atrocités commises dans l’Est de la RDC sont des actes de génocide qui doivent interpeller la conscience universelle », a alerté le ministre
Depuis plus de trois décennies, l’Est de la République démocratique du Congo vit au rythme de guerres meurtrières et de violences d’une extrême gravité, notamment contre les femmes, dans une indifférence quasi générale de la communauté internationale. Le ministre a dénoncé l’implication de l’armée rwandaise dans ces crimes commis sur le sol congolais.(ndlr)
« Depuis plus de trente ans, l’Est de la RDC demeure le théâtre d’atrocités d’une gravité extrême, qualifiées de crimes de génocide. Il apparaît dès lors indispensable de rappeler avec clarté la signification du terme “génocide”, de mettre en évidence les actes qui relèvent de cette qualification commis en RDC, et d’adresser un appel solennel à la conscience nationale et internationale afin que cessent ces violences et que justice soit rendue aux victimes », a poursuivi Samuel Mbemba.
Le ministre a rappelé la définition juridique du génocide telle qu’établie par l’article 2 de la Convention de 1948 pour la prévention et la répression du crime de génocide :
« Le génocide s’entend de l’un quelconque des actes commis dans l’intention de détruire, en tout ou en partie, un groupe national, ethnique, racial ou religieux, comme tel : meurtres de membres du groupe, atteintes graves à l’intégrité physique ou mentale, soumission intentionnelle à des conditions d’existence devant entraîner sa destruction physique totale ou partielle, mesures visant à entraver les naissances, ou transfert forcé d’enfants d’un groupe à un autre. »
Exemples de massacres cités
Samuel Mbemba a rappelé plusieurs massacres survenus en RDC depuis 1998 :
Tingi-Tingi : entre 100 000 et 300 000 réfugiés hutus tués par l’Armée patriotique rwandaise ;
Kalima : 200 réfugiés massacrés dans les territoires de Kalima et Kasongo ;
Makobola : 800 personnes tuées et des centaines de maisons incendiées ;
Katogota : des civils brûlés vifs et exécutés à bout portant, habitations incendiées ;
Mwenga : 15 femmes enterrées vivantes avec un homme
Kamituga : des centaines de civils massacrés à l’arme blanche ;
Kasika : 1 000 civils massacrés, dont des femmes enceintes, des enfants et un prêtre assassiné dans une église.
Selon le ministre, plus de 10 millions de morts et des millions de victimes vivantes – femmes violées, orphelins, déplacés internes – témoignent de l’ampleur du drame. Il a également dénoncé la poursuite des massacres par le Rwanda et ses supplétifs du M23/AFC, notamment à Kishishe, Kibumba, Kitchanga, Maboya, Kanyabayonga, Bwito, Minova et Goma.
« Considérant ces preuves irréfutables, j’alerte le monde sur le fait que les atrocités commises dans l’Est de la RDC sont des actes de génocide qui doivent interpeller la conscience universelle », a-t-il martelé.
Enfin, Samuel Mbemba a lancé un double appel :
à la population congolaise, pour qu’elle s’approprie le combat de la reconnaissance du génocide, initié par le président de la République, Félix-Antoine Tshisekedi Tshilombo ;
à la communauté internationale, pour qu’elle brise le silence et fasse preuve de solidarité avec les victimes.
Alpha nyembo