En République démocratique du Congo, le processus de paix qui vise la négociation directe entre le M23 et le gouvernement congolais suscite de nombreuses interrogations et réactions des acteurs sociopolitiques. Il s’agit de Me Leader Kingonzi Joachiem Bin Ali, cadre et secrétaire exécutif national en charge de la justice de l’AREP, parti cher au ministre d’État Guy Loando, qui, au cours de son intervention sur les antennes de la RTNC2, a exhorté le gouvernement congolais à ne pas dialoguer avec le M23 dans le cadre du processus de Luanda, lequel ne concerne que la RDC et le Rwanda pour un objectif bien connu des parties en conflit.
Dans son speech, Me Leader Kingonzi Joachiem Bin Ali a souligné que le président rwandais Paul Kagame tend un piège en poussant la RDC à négocier avec le M23, alors que ce mouvement rebelle n’est pas une partie prenante dudit conflit. Face à ces mésaventures, il préconise au gouvernement congolais de ne pas tomber dans ce piège tendu par les Rwandais afin d’éviter de perdre cette bataille.
<< On sous-estime Kagame alors qu’il tend le piège de pousser la RDC à négocier avec le M23, alors que le M23 n’est pas une partie prenante. Si nous allons négocier alors qu’il n’en est pas une, nous tombons dans le piège. Est-ce qu’on doit demeurer dans la guerre ou doit-on réfléchir pour discuter et trouver des solutions ? >>, s’est interrogé Leader Kingonzi Joachiem Bin Ali.
Par la suite, il a signalé que cette guerre a aussi un impact significatif sur l’économie du pays, car certains territoires miniers de la RDC ont été touchés, et les exploitations illégales y deviennent courantes.
<< Déjà aujourd’hui, depuis la prise de cités importantes du territoire de Walikale, une société minière existe là-bas, Alpha Mining. Cette société exploite l’étain et, l’année passée, elle a extrait au moins 17 000 tonnes d’étain. Une tonne d’étain coûte au moins 34 815 $. Si on fait le calcul : 34 815 $ multipliés par 17 000 tonnes, on obtient 591 855 000 $, ce qui constitue en réalité le chiffre d’affaires que cette société a réalisé en 2024. Et dans cet argent, l’État devait percevoir des bénéfices à travers l’imposition fiscale et parafiscale. Est-ce que nous gagnons ou perdons ? Parce qu’il y a plusieurs sociétés. Si le gouvernement central perd ces recettes fiscales et parafiscales, cela signifie que le Rwanda les récupère. Et en les récupérant, elles alimentent son économie, renforcent ses réserves et lui permettent de se refaire une santé financière. Nous avons donc intérêt à laisser le Chef de l’État réfléchir sur l’avenir de la République >>, a-t-il stipulé.
Par ailleurs, il a indiqué que le M23 est devenu une entrave politique et diplomatique contre le processus de Luanda et qu’il faut absolument le dissocier de celui de Nairobi, qui concerne les groupes armés négatifs actifs à l’Est de la RDC, soit 252 groupes locaux et 14 groupes étrangers. À défaut, un nouveau processus de paix sous l’égide de l’Union africaine s’impose.
Il a notamment précisé que si aujourd’hui le gouvernement congolais entame des négociations avec le M23, les Wazalendo n’adhéreront pas, car ils sont un groupe d’autodéfense qui n’a ni la même vision ni les mêmes intérêts que la politique rwandaise sur le sol congolais, laquelle vise à dépeupler des territoires congolais pour les remplacer par d’autres populations.
<< Il faudrait donc un cadre beaucoup plus élargi où il y aurait plusieurs composantes : le gouvernement de l’Union sacrée, l’opposition politique non armée et la société civile. Les Wazalendo devraient également être considérés comme une entité ou une composante à part entière. Ce n’est qu’ainsi que nous pourrons parvenir à une véritable solution de paix et une sortie définitive de la crise. >>
Et d’ajouter : << Si nous n’avons pas ce nouveau processus de paix et que nous négocions uniquement dans le cadre du processus de Luanda ou de Nairobi, nous n’avancerons jamais, et la situation s’enlisera, car ce cadre ne profite pas à la RDC mais à Kagame. Étant donné que le M23 est devenu une entrave politique et diplomatique dans ces processus, nous ne pouvons pas tomber dans ce piège. Si nous le faisons, nous perdrons. Ma proposition est la suivante : nous pouvons reprendre le schéma proposé par les évêques, en négociant à travers notre diplomatie avec le président rwandais, l’Union africaine et en nous appuyant sur la résolution 2773, qui prône la primauté des discussions politiques et diplomatiques. Il nous faut une résolution africaine qui nous permette d’avoir un cadre clair. Aujourd’hui, si le gouvernement négocie avec le M23 dans le cadre de l’intoxication diplomatique du processus de Luanda, les Wazalendo… >>, a-t-il proposé comme piste de sortie de crise.
Legrandpays/ Cellcom